Cette semaine c’est Sébastien DUMONT de l’observatoire Diocésain des Réalités Écologiques, d’ Oeko-Logia, et du service diocésain de l’œcuménisme qui nous accompagne dans cette Pause carême.
Au début de l’Evangile, Jésus interroge ses disciples sur ce qu’on dit de lui. La réponse des disciples montre qu’un voile est déjà levé. Nous ne sommes plus dans la situation où il est incompris dans sa propre maison et sa propre patrie qu’est Nazareth (Mt 13,57), puisque selon les uns et les autres, Jésus, tient sa puissance de Dieu, puisqu’il est prophète dans tous les cas.
Les disciples sont invités ensuite à se risquer dans une réponse personnelle. Et c’est Pierre qui prend la parole pour une confession de foi inspirée par Dieu lui-même et qui va plus loin que celle des hommes en général. Il faut se souvenir que pour l’évangéliste Mathieu, la figure de Pierre est le modèle du disciple. Soyons attentifs à ce point en méditant la déclaration de Jésus à partir du verset 18.
De cette déclaration, nous pouvons souligner plusieurs points :
1/ Jésus compare l’Eglise à une maison dont la première pierre est l’apôtre Simon-Pierre.
2/ C’est parce que Pierre a confessé l’identité profonde de Jésus qu’il est cette première pierre
3/ Le fondement de l’Eglise est dans la confession du Christ, le Fils du Dieu vivant. Cela signifie qu’elle n’est pas dans une naissance, des idées, une morale, un pays par exemple. La propre maison de Jésus justement, Nazareth, ne l’a pas reconnu, on l’a vu. L’Eglise est cette maison que Jésus bâtit sur ceux qui professent son identité véritable. Et cette confession de foi nous est révélée gratuitement par Dieu lui-même.
4/ La déclaration de Jésus envers l’apôtre Pierre est un exemple d’espérance : « la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle » nous dit Jésus à propos de l’Eglise. Il a suffi de la foi d’un seul homme, l’apôtre Pierre, pour que l’espérance soit rendue possible. Pâques est dans la ligne de mire bien-sûr. Mais cette bonne nouvelle résonne aussi avec l’encyclique Laudato Si, le contexte de la crise écologique et la question de l’espérance face à la grandeur du mal actuel. Au §71 de Laudato Si, nous pouvons lire : « Même si « la méchanceté de l’homme était grande sur la terre » (Gn 6, 5) et que Dieu « se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre » (Gn 6, 6), il a cependant décidé d’ouvrir un chemin de salut à travers Noé qui était resté intègre et juste. Ainsi, il a donné à l’humanité la possibilité d’un nouveau commencement. Il suffit d’un être humain bon pour qu’il y ait de l’espérance ! ».
5/ Si le fondement de l’Eglise est dans la confession de foi du Christ, Fils du Dieu vivant, l’Eglise n’est pas un rassemblement de personnes coupées du monde qui vivent une relation à Jésus retourné dans les cieux. « Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » est-il promis à Pierre par Jésus. La terre et les cieux sont liés. Tout est lié nous dit le pape François dans Laudato Si. La terre et les cieux aussi. Le monde que nous construisons ici a à voir avec le Royaume des Cieux. Il ne s’y identifie pas, mais tout ce qui se joue en matière de relations sur cette terre, que l’emploi des mots lié et délié traduisent, est essentiel pour le Royaume des Cieux. Laudato Si nous le fait goûter admirablement au §86 : « L’interdépendance des créatures est voulue par Dieu. Le soleil et la lune, le cèdre et la petite fleur, l’aigle et le moineau : le spectacle de leurs innombrables diversités et inégalités signifie qu’aucune des créatures ne se suffit à elle-même. Elles n’existent qu’en dépendance les unes des autres, pour se compléter mutuellement, au service les unes des autres ».
Pour terminer, nous pouvons rendre grâce pour la rencontre historique entre le pape François et le patriarche Cyrille à Cuba, qui nous invite à goûter tout particulièrement la première lecture, dans laquelle l’apôtre Pierre précise l’esprit qui préside à sa mission : il ne s’agit pas d’un pouvoir exercé en majesté, mais d’un service rendu avec amour. Sans nul doute, comme a pu le dire le cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, la manière dont le pape traite son ministère pétrinien a beaucoup aidé à ouvrir les portes. (La Vie, N°3676 du 11 au 17 février 2016, page 24)